Pologne, la mal aimée de l’Europe
Article de Jacques de Saint Victor, paru dans le Figaro du 19 décembre 2007
Le Roman de la Pologne de Beata de Robien
Elle fut la mal aimée de l’Europe. L’impératrice Marie Thérèse d’Autriche, la tsarine Catherine II de Russie, le roi Frédéric II de Prusse ont décidé en 1772 de la rayer de la carte. Les maîtres du monde ne lui ont laissé aucune chance. C’est la première grande violation du droit des peuples avant même que ce principe ne soit consacré par la Révolution française. La France de Louis XV et de Mme du Barry resta totalement impassible. Elle laissa faire ce crime sans lever le petit doigt. Pourtant, la Pologne est depuis le Moyen Age une grande nation amie de notre pays. Elle le restera d’ailleurs longtemps après, peu rancunière, même si, depuis quelque temps, les liens se sont distendus.
C’est cette histoire malheureuse, mais aussi brillante et féodale, d’un pays ne disposant d’aucune frontière naturelle, et se trouvant de ce fait menacé de toutes parts que retrace avec passion et élégance Beata de Robien. Elle connaît bien son affaire. Polonaise d’origine, l’auteur a cherché à réveiller notre mémoire sur ce pays longtemps méconnu, dont l’un des rois fut un de nos souverains de France (Henri III) et qui compta tant de romances transfrontalières, lorsque Sand frayait avec Chopin et que Balzac s’éprenait de Mme Hanska. Ce sont d’ailleurs ces Polonaises si brillantes qui ont façonné leur pays, rappelle Beata de Robien, autant que ces héros célèbres, de Jagellon à Poniatowski en passant par Copernic ou Sobieski.
– Jacques de Saint Victor
Le Roman de la Pologne, Histoire de la Pologne, par Beata de Robien, éd. du Rocher