Atlantico via Culture-Tops publie une critique enthousiaste de La malédiction de Svetlana

« La malédiction de Svetlana » : dans l’ombre du mal

Une critique enthousiaste de Yann Kerlau à lire sur Atlantico et Culture-Tops

L’auteur

Beata de Robien a derrière elle quatre livres : Le nain du roi de Pologne (Plon, 1994) couronné par le prix de l’Académie du Maine, Les passions d’une présidente : Eleanor Roosevelt (Perrin, 2000), Le roman de la Pologne (Rocher, 2007), Fugue Polonaise (Albin Michel, 2013 ) Prix de l’Académie Française Hervé Deluen 2013 et prix Culture et Bibliothèques pour tous 2014.

La malédiction de Svetlana est son cinquième ouvrage. Au travers ces cinq ouvrages, à l’exception de son livre sur Eleanor Roosevelt, un même fil d’Ariane : l’est de l’Europe avec la Pologne comme épicentre et sa périphérie, la Russie sous l’ère bolchevique.

THEME

Fille de Joseph Staline, Svetlana nait au Kremlin.

Une enfance ultra privilégiée qui pourrait faire rêver si elle ne masquait l’essentiel : l’horreur du régime. Que l’on appartienne ou non au cercle des amis, des parents ou des ennemis du tyran, on disparait vite dans les années trente. Durant les trente-trois années où le Père des Peuples règnera en despote incontrôlable, le goulag ouvrira ses portes à plus de 18 millions de victimes.

L’homme qui avait décrété : un pays qui ne manque de rien est ingouvernable ne saura créer autour de lui que la terreur. Sa fille n’en percevra l’étendue qu’après la mort de son père en 1953. S’ouvre alors la déstalinisation et l’examen des erreurs qui auraient pu être commises. Le tout, sous le contrôle vigilant des nouveaux thuriféraires du régime.

Mariée à plusieurs reprises, mère de deux enfants, Svetlana oscille entre dépression et passions fugaces. Quand, à la stupéfaction de tous, elle s’enfuit seule et demande le 6 mars 1967 l’asile politique aux Etats-Unis, le monde libre l’accueille comme une héroïne. Que deviendra-t-elle ? Au soir de sa vie, elle dira mon père a tué tant de personnes que ….partout où j’irai, je serai toujours sa prisonnière politique.

POINTS FORTS

Elles sont poignantes ces pages où le mal rôde, écrasant des vies sur son passage, broyant des familles entières, brisant l’espoir et limitant l’intelligence partout où elle pourrait souffler. Le temps est à la violence et celle-ci court de ligne en ligne.

Svetlana aura beau faire : changer de nom, de pays, d’amants ou de maris, elle est à l’image de ces femmes battues ou de ces enfants torturés incapables de dénoncer les violences dont ils ont été l’objet. Et moins encore de trouver un bonheur auquel ils n’auront jamais droit.

Alors que les yeux du monde ne s’ouvriront vraiment qu’après la chute du mur de Berlin, ceux de Svetlana porteront toujours la déchirure propre à ceux que Gogol nommait les âmes mortes.

POINTS FAIBLES

Insignifiants.

EN DEUX MOTS

Toute  vie  est  singulière  mais  celle  de  Svetlana  déroule  l’alphabet  des  sagas  à  succès.  Naissance.  Fortune.
Pouvoir. Mariages. Divorces. Liaisons. Voyages. Carrière. Drames à tous les étages. Pas un temps mort. A quand le film ?

UN EXTRAIT

Qui seront deux:
– « Bientôt, il n’y aura plus une seule famille dans tout le pays qui n’ait été touchée par la terreur. Personne n’est épargné. La mort, la déportation, les Soviétiques ont déjà appris à vivre avec. Les dénonciations atteignent un paroxysme, donnant libre cours aux plus bas instincts de la nature humaine …Quelle formidable opportunité pour se débarrasser des gens qui déplaisent. »
-« Ici,  dans  ce  monde  prétendument  libre,  l’individu  est  lâché  dans  la  nature.  Sans  boussole,  sans  mode d’emploi… Comment accepter que la liberté soit aussi l’errance et le droit de se perdre, de commettre des erreurs et d’accepter une situation sans avenir assuré ? »

RECOMMANDATION

EXCELLENT

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