La Malédiction de Svetlana, de Beata de Robien, éd. Albin Michel, 550p., 24 €. Étonnant destin
Étonnant destin de la fille de Staline.
Étonnant destin que celui de la fille de Staline. Née en 1926, elle a 6 ans quand sa mère se suicide. Joseph Staline – qui envoie à la mort des millions de citoyens soviétiques sans sourciller – est un père attentif qui se soumet aux ordres de sa fille. Quand elle lui ordonne de mettre son manteau de fourrure, il répond « Je m’incline » et signe « Votre obéissant serviteur ».
Svetlana mettra du temps à se rendre compte de la terreur que fait régner son père, mais quand on lui donne à consulter en avant-première le rapport que Khrouchtchev s’apprête à lire au 20e Congrès, elle saura que toutes les accusations portées contre lui sont vraies. « Ai-je connu un seul moment heureux dans mon existence ? » écrira-t-elle plus tard dans « Vingt lettres à un ami », le livre qu’elle publiera en 1967 aux États-Unis.
« Un cercle noir maudit entourait mon père : quiconque y pénétrait périssait. » Elle-même n’a pas pu échapper à ce cercle maudit : mariée plusieurs fois, délaissée par l’intelligentsia moscovite, surveillée par les autorités soviétiques, elle réussira à partir en Inde en 1967 pour rapporter les cendres de son dernier amant et demander l’asile politique aux États-Unis. Mais, pas plus là qu’ailleurs, elle ne parviendra à trouver un bonheur qu’elle aura désespérément cherché pendant toute sa vie d’adulte.